Freud sur égoïsme et amour

« C’est lui-même que l’enfant aime tout d’abord ; il n’apprend que plus tard à aimer les autres, à sacrifier à d’autres une partie de son moi.« 
HuiroOn dit que l’amour et la haine sont des sentiments liés, que l’on peut passer de l’un à l’autre. Qu’en est-il de l’amour et de l’égoïsme ? A ce propos une citation de Freud expliquant que l’amour de l’autre est lié à l’égoïsme du jeune âge. Elle nous a été proposée par notre correspondante Sol avec un commentaire que nous incluons plus bas. 

« C’est l’enfant dans ses premières années, qui se trouvent plus tard voilées par l’amnésie, c’est l’enfant, disons-nous, qui fait souvent preuve au plus haut degré de cet égoïsme, mais qui en tout temps en présente des signes ou, plutôt, des restes très marqués. C’est lui-même que l’enfant aime tout d’abord ; il n’apprend que plus tard à aimer les autres, à sacrifier à d’autres une partie de son moi. Même les personnes que l’enfant semble aimer dès le début, il ne les aime tout d’abord que parce qu’il a besoin d’elles, ne peut se passer d’elles, donc pour des raisons égoïstes. C’est seulement plus tard que l’amour chez lui se détache de l’égoïsme. En fait, c’est l’égoïsme qui lui enseigne l’amour. » (p.243)

Source : Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1922 , Payot, p.243.

Le commentaire de Sol :

Cette citation m’a fait penser qu’il suffirait qu’un enfant ne soit pas autorisé par ceux qui s’occupent de lui à cet égoïsme illimité, pour que l’apprentissage de l’amour lui soit difficile. Cela me ramène à une citation de Winnicott qui m’avait marquée : « Pour que, dans sa relation au monde, le nourrisson puisse recevoir sans voracité et donner sans colère, il faut qu’on s’occupe de lui de manière satisfaisante dans les premiers temps de sa vie. » (D.W.Winnicott, L’enfant, la psyché et le corps,1999, Payot, p.60). Autrement, je crois, la colère et la voracité peuvent ensuite se perpétuer sous diverses formes chez l’adulte.

 

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