Proust sur la vieillesse

« (…) ce grand renoncement de la vieillesse qui se prépare à la mort (…) »

Marcel Proust suggère ici qu’il y a parfois comme un renoncement dans la vieillesse, le refus de la marche, du risque, du déséquilibre. Une sortie volontaire du rythme de la vie. A rapprocher de « Denby sur dance et risque« .


« Oui, un jour qu’il fera beau, j’irai en voiture jusqu’à la porte du parc. C’est sincèrement qu’elle le disait. Elle eût aimé revoir Swann et Tansonville ; mais le désir qu’elle en avait suffisait à ce qu’il lui restait de forces ; sa réalisation les eût excédées. Quelquefois le beau temps lui rendait un peu de vigueur, elle se levait, s’habillait ; la fatigue commençait avant qu’elle ne fût passée dans l’autre chambre et elle réclamait son lit. Ce qui avait commencé pour elle -plus tôt seulement que cela n’arrive d’habitude- c’est ce grand renoncement de la vieillesse qui se prépare à la mort, s’enveloppe dans sa chrysalide, et qu’on peut observer, à la fin des vies qui se prolongent tard (…) ». (p.252)

 » (…) cette réclusion définitive devait lui être rendue assez aisée pour la raison même que selon nous aurait dû la lui rendre plus douloureuse : c’est que cette réclusion lui était imposée par la diminution qu’elle pouvait constater chaque jour dans ses forces, et qui, en faisant de chaque action, de chaque mouvement, une fatigue, sinon une souffrance, donnait pour elle à l’inaction, à l’isolement, au silence, la douceur réparatrice et bénie du repos. » (p.253)

Source : Marcel Proust, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, 1987. Pages 252 et 253.

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