Tchekhov sur l’aveuglement

« Des villas et des locataires des villas… c’est si vulgaire, laissez-moi vous le dire. »

 

Voici un dialogue de la pièce « La cerisaie » d’Anton Tchekhov. Des aristocrates russes du XIX siècle ;  ils ploient sous des dettes acquises de ne pas avoir vu le monde changer ; refusent encore d’agir pour sauver leur domaine mis aux enchères. Comme si l’inertie du passé les poussait vers un précipice béant qu’ils ne peuvent, ou ne veulent pas voir.

Rapprochement possible avec « Appelfeld sur vie et mort ».


LOPAKHINE. – Excusez-moi ; je n’ai jamais vu des gens aussi légers, aussi étranges que vous, comprenant aussi peu les affaires. On vous dit clairement : votre bien va se vendre, et c’est comme si vous ne compreniez pas…

Mme RANIEVSKAÏA. – Que devons-nous faire ? Dites-le.

LOPAKHINE. – Je ne fais que cela chaque jour. Chaque jour je répète la même chose. Il faut louer la cerisaie et toute votre propriété comme terrain à villas, et cela tout de suite, au plus tôt (…) et vous serez sauvés.

Mme RANIEVSKAÏA. – Des villas et des locataires des villas… c’est si vulgaire, laissez-moi vous le dire.

Source : Anton Tchekhov, La cerisaie, Pièce en quatre actes, Acte II.

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