Kundera sur la tendresse de Staline

« Je sais, je sais… Le mot tendresse ne va pas bien avec la réputation de Staline (…) »

mur brique stgo

Traces a publié des citations de Martin Steffens où il est question d’une sorte de trop plein de satisfaction qui pousse les gens à mépriser ce qui échappe à leur domaine de plénitude, le monde étant ainsi en excession par rapport à nos possibilités de l’apprécier. Dans cette citation pleine d’humour de Milan Kundera il est question d’une autre sorte d’excession, d’un trop plein de cruauté qui empêche de compatir avec tout ce qui mérite compassion et tendresse dans le monde. 

Une collaboration de Pierrepentti.

Voir aussi Steffens sur l’excession du monde, Camus sur le pétale de rose.


« Je sais, je sais… Le mot tendresse ne va pas bien avec la réputation de Staline, c’est le Lucifer du siècle, je sais, sa vie a été remplie de complots, de trahisons, de guerres, d’emprisonnements, d’assassinats, de massacres. Je ne le conteste pas, au contraire, je veux même le souligner, pour qu’il apparaisse, avec la plus grand clarté, qu’en face de cet immense poids de cruautés qu’il devait subir, commettre et vivre, il lui était impossible de disposer d’un volume pareillement immense de compassion. Cela aurait dépassé les capacités humaines ! Pour pouvoir vivre sa vie telle qu’elle était, il ne pouvait qu’anesthésier puis complètement  oublier sa faculté de compatir. » (p.37-38)

Source : Milan Kundera, La fête de l’insignifiance, Folio, 2015.

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