Freud sur les masses

« Dans l’obéissance à la nouvelle autorité, on a le droit de mettre hors d’activité sa « conscience morale » antérieure… »

Une collaboration  d’Albertine. 

pierres tombalesL’introduction à l’article « Le Bon sur la psychologie des foules » pose la dangereuse notion de « masse virtuelle ». Or, on peut arriver au même type de conclusion en partant de la conception Freudienne, psychanalytique, de la masse. Je m’explique. L’article « Freud sur liberté, sécurité et culture« , publié aussi par traces, rappelle que la culture est ce qui permet l’existence de la société humaine, dans la mesure où elle contrarie les pulsions primitives et destructives de l’individu. Dans les citations de ce même auteur que nous proposons ici, il apparait que la masse produit l’effet exactement contraire, à savoir celui de lever ces contraintes pour le plus grand plaisir pulsionnel de l’individu. Ainsi, si les réseaux sociaux créent des masses virtuelles, permanentes et parfois gigantesques, alors quid de l’avenir de notre civilisation ?

Voir aussi Freud sur liberté, sécurité et culture , Freud sur la guerreLen Bon sur la psychologie des foules , Ortega y Gasset sur l’autodestruction, Canetti sur l’autodestruction.


« La masse fait sur l’individu une impression de puissance illimitée et de danger invincible. Elle est pour un instant mise à la place de l’ensemble de la société humaine, qui est porteuse d’autorité, dont on a redouté les punitions, pour l’amour de qui on s’est imposé tant d’inhibitions. Il est manifestement dangereux de se mettre en contradiction avec elle, et l’on est en sécurité lorsqu’on suit l’exemple qui s’offre partout à la ronde, donc éventuellement même lorsqu’on « hurle avec les loups ». Dans l’obéissance à la nouvelle autorité, on a le droit de mettre hors d’activité sa « conscience morale » antérieure et par là céder à l’appât du gain de plaisir auquel on parvient à coup sûr par la suppression de ses inhibitions. Il n’est donc pas si curieux de voir l’individu dans la masse faire ou approuver des choses dont il se serait détourné dans ses conditions de vie habituelles… » (p. 23)

Source : Sigmund Freud, Psychologie des masses et analyse du moi in Oeuvres complètes, tome XVI, Presses Universitaires de France, 2003.

 

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